Ils... Eux... en un mot les autres !
Le complot de la théorie à l'obsession
Illuminé... dans sa folie destructrice
En période de crise, morale, sociale ou économique, ressortent les vieux démons du complot. Il est toujours plus simple de s’en prendre aux autres qu’à soi-même. Ces « autres », ce sont les « ils » ou les « eux » qu’avait dialogué pour Belmondo Michel Audiard dans Le corps de mon ennemi d’Henri Verneuil.
Sans carapace, ni griffes, ni défenses, l’être humain serait-il un animal craintif par nature ? On craint toujours ceux que l’on ne connait pas. L’homme se méfie tout autant de ses semblables que des autres créatures. Et quand les circonstances s’emmêlent, tout se précipite. On a du mal à imaginer, encore aujourd’hui, comme un dictateur a pu réussir à embrigader un peuple tout entier pour le mener à sa propre destruction. En visionnant les images d’Adolf Hitler, on rirait presque de son outrance caricaturale, si son accession au pouvoir n’avait pas eu comme corollaire la solution finale et un monde plongé dans une des guerres les plus meurtrières.
L’ascension du chancelier du 3ème Reich qui devait durer mille ans s’est appuyée sur la théorie du complot, associant dans la coterie des traitres à l’Allemagne, les socialistes, les communistes, les Juifs et les francs-maçons. Dans un autre registre, Georges Bush inventera le concept d’axe du Mal, jusqu’à aller s’associer à Dieu pour le triomphe du camp de Bien.
La théorie du complot a toujours était l’arme des faibles ou des matamores pour convaincre les plus faibles de les suivre dans leur folie meurtrière. Programmer des adolescents pour aller faire la guerre sainte en Syrie ou mettre dans l’esprit de ses enfants que sa foi, sa culture, son histoire sont supérieurs à celles des autres procède de la même mécanique. Puisque les autres complotent contre nous, nous devons nous montrer implacables envers eux, éduquer nos enfants dans cet esprit et les armer pour défendre leurs valeurs.
Plus que des complots, il y a des luttes d’intérêts qui décident du sort de tribus, de peuples, de nations. Au nom du progrès économique qui ne profitera qu’à quelques-uns, on dénaturera l’environnement, construisant des barrages ici, asséchant des terres là. Le projet de Bello Monte est de ceux-là. Affichant une croissance économique, le Brésil continue à détruire la nature au nom de l’argent. Quel que soit le pouvoir en place, la violence économique n’engendrera que de la violence sociale. Les gouvernants auront beau crier au complot, la voix des sans-terres comme celle des tribus amérindiennes ne se tairont pas.