Des intégrations… désintégration

Et si la France implosait ?

De Coty à Hollande... Distribution des bons points

Clémenceau disait : « Lorsqu’on ne veut rien faire, on crée des commissions. » Les commissions existent hélas toujours et ne font guère avancer les décisions. Une autre contagion est celle des experts. Aucun décideur politique ne veut s’engager sans les « lumières » d’experts de la « question ». Pour cela, il commande un rapport que lesdits experts lui soumettront pour « éclairer » sa lanterne.

L’intégration fait débat. Les sociétés sont multiculturelles. C’est un fait. Mais le multiculturalisme ne doit pas être un alibi. En matière d’alibi, Matignon se sent bien sous tous rapports. Récemment, un rapport a été remis au Premier ministre sur l’intégration. Ancien membre du Haut-Conseil sur l’Intégration, Malika Sutter reproche à ce rapport un parti pris.

Ainsi, elle regrette que celui-ci remette en cause la suprématie de la langue française en voulant reconnaitre « la place essentielle » de la langue parlée en famille. L’apprentissage de la langue et sa maîtrise est l’un des premiers facteurs d’intégration dans une société. C’est en effet en sachant manier une langue, ces idiomes comme ses subtilités, qu’on peut arriver à faire partie du groupe. L’école est en ce sens un élément de socialisation des enfants issus de l’immigration. La fierté de parler et de comprendre une langue est tout aussi important que de conserver sa culture d’origine et de partager celle-ci avec ses voisins. Aucune culture n’est supérieure à une autre, mais toutes les cultures peuvent être complémentaires.

La proposition de demander à ce que la langue française soit connue par les candidats à l’émigration semble bel et bien oubliée dans ce rapport. Les États-Unis ont été créés par des vagues successives d’émigrants. L’adhésion aux valeurs, à la langue et à la constitution sont une étape obligée des Américains fraîchement naturalisés. Favoriser le particularisme n’aide en rien à l’intégration.

Malika Sutter pointe ensuite l’exacerbation de sentiments anti-français des enfants de familles immigrés. Ainsi la modification des contenus des programmes d’histoire préconisée par ce rapport viserait à mettre l’accent sur la transmission de l’histoire colonialiste et esclavagiste. Pour être honnête, aborderait-on l’action esclavagiste des Arabes d’Afrique du nord comme celle des Turcs ottomans ? Ou n’est-ce qu’un rapport à charge uniquement culpabilisant envers la France qui, comme le craint Malika Sutter, risque d’élever les enfants issus de l’immigration contre la France.

La troisième critique vise la proposition d’assouplir ou de supprimer la loi sur le voile. Ce dernier point est le plus révélateur sur les véritables intentions des auteurs de ce rapport. Comme dans toutes les religions, et l’islam ne fait pas exception, les interprétations doctrinales peuvent faire dire au texte sacré tout et son contraire. Le multiculturalisme ou le multiconfessionnel ne doivent pas entrer en conflit avec la laïcité qui n’est pas l’imposition d’une doctrine athée ou républicaine mais la tolérance de toutes les religions en lieu et place d’une religion d’État. La laïcité tolère toutes les confessions à condition que celles-ci respectent les valeurs de la République. C’est encore la place des religions et de leur interprétation dont il est question. La gauche nous avait habitués à la lutte des classes. Après les débats autour de la famille, ce nouvel opus ne risque-t-il pas de développer la lutte des races ?