Des offreurs de rêves aux marchands d'illusions

Entre idéalisation et réalité

Vivons nous dans le même monde que celui auquel veulent nous faire accroire nos élites.

L'illusion du 11 janvier aura fait long feu. Par l'instrumentalisation du traumatisme réel ou suscité, les politiques, et le président en tête, ont cherché à se refaire une légitimité perdue. Certes, le scrutin de 2012 a porté au pouvoir un candidat pour une victoire plus par défaut que sur des qualités.

La stature d'homme d'État se forge toute autant par un charisme, des capacités exceptionnelles que des circonstances liées aux événements.

L'histoire crée les hommes et les hommes font l'Histoire. Le 11 janvier a été présenté comme le sursaut d'une nation contre la violence et les atteintes à la Liberté.

Néanmoins, la mobilisation et la couverture médiatique qui l'a préparée aurait-elle été la même si les armes avaient fait d'autres victimes que des professionnels de la presse, des représentants des forces de l'ordre ou des Français d'une autre confession ?

certes, il n'appartient à personne le droit de tuer au nom d'un prétexte quelconque un être humain (ou tout être vivant) alors qu'il ne partage pas les mêmes valeurs que soi.

Pourtant, l'horreur que vivent les populations d'Irak et de Syrie n'ont pas suscité d'indignation de même ampleur que celle du 11 janvier. Le massacre d'enfants et de leurs enseignants dans une école du Pakistan par des Talibans arriérés n'a pas fait couler beaucoup de larmes.

Pourquoi une telle indifférence ?

La colère légitime ne serait-elle pas une question de nombre ou la banalité de drames distants rendrait-elle pas les cœurs fermés à toute émotion ?

Ferait-on la discrimination entre des personnalités connues, des victimes nommément individualisées et la masse anonyme des martyrs relégués au passif des tragédies humanitaires ?

À l'Indignation sélective mais répond l'inquiétude grandissante de nos contemporains face à la peur qu'alimente une guerre sans visage, d'autant qu'elle recrute ses membres dans les banlieues paumées, en jachère de la République. On reprochera à certains de faire le procès de la misère pour essayer d'excuser l'inexcusable. C'est pourtant en soignant les racines du mal que l'on pourra empêcher celui-ci de s'étendre.

Et, il y a l'hypocrisie des États, ceux qui usent de la notion d'ingérence afin de mener leurs actions de déstabilisation pour le bien, non pas des peuples asservis, des populations en souffrance, mais les intérêts de quelques-uns pour un peu plus de pouvoir, un peu plus d'argent, et beaucoup d'arrogance.

Ce sont tous ces marchands d'illusions qui font tant d'ombre aux offreurs de rêves, car les premiers ne pensent qu'à s'enrichir au détriment de l'insouciance des autres. Les illusions ont malheureusement conduit à la ruine des sociétés entières qui s'imaginaient éternelles. En déchirant le voile des illusions comme autant de mystes qui cachent et gâchent la vérité, les hommes gagneraient en sérénité. On critique à tort le rêve ou les rêveurs. Pourtant sans l'un ni les autres, l'homme aurait-il pu dépasser les limites de son entendement ?

Combattons les illusions et ceux qui les marchandent, mais ne condamnons pas les rêves ni les rêveurs.